On est passé assez vite finalement en Corse et en Sardaigne. Rejoins par plusieurs copains, c’était une balade faite de cabotage et d’apéro, peu de vent et pas de houle. En Corse visite de criques sublimes et sauvages, découverte de coins encore préservés cachant un petit village comme à Campomoro près de Propriano. La Sardaigne, c’est autre chose. Plus pelée et clairement plus sauvage pour le peu qu’on en a vue, c’est à dire le nord ouest.

Le plus marquant en Sardaigne c’était l’île d’Asinara au nord. Un parc naturel entièrement livré aux ânes et à la faune. Un lieu qui a successivement été un endroit de quarantaine puis d’emprisonnement durant les deux guerres. Règne une ambiance très étrange…Des bâtiments en ruine témoignent du passé obscur de l’île : casemates et casernes abandonnées, une église au style Mussolinien livide et exhibant des ossuaires , une villa défraîchie aux grilles défoncées. Le tout côtoyant comme si de rien n’était les installations flambant neuves du parc : tables de pique nique et voiturettes de golf pour les quelques visiteurs. Un no man’s land peuplé d’ânes errants et de mouettes protégeant leurs œufs. Les ânes c’est mignon à la ferme, mais des centaines d’ânes lépreux livrés à eux même c’est carrément flippant ! Quelque chose entre Walking Dead et Benji la malice. Oui, oui, très étrange… Nous étions seuls au monde le soir quand les dernières navettes de touristes et les gardes côtes quittaient l’île. La nuit, sous les lampadaires blafards des quais, les ânes déambulaient sans but comme des âmes sans repos. Des zombies.

C’est un lieu livré à la nature brute et dure. Un lieu où l’homme n’est que de passage, observateur, contemplateur. Un lieu étonnant de sauvagerie, regorgeant de secrets enfouit que nous avons été contents de quitter.