Après un intense weekend de fête, durant lequel nous avons fait le plein d’amour des amis et de la famille, nous avons largué les amarres pour la Corse. 

Enfin, nous avons aussi perdu une amarre au moment de quitter Sète… Ce qui a valu à Adrien un petit saut dans l’eau glacée du port pour la récupérer, malheureusement sans succès. On a donc laissé un peu de Gaïa au port de Sète 🙂

Nous sommes partis avec un vent d’Ouest sous une pluie fine et ciel mi-gris mi-ensoleillé. C’est le vent parfait pour rejoindre la Corse, il nous pousse vers notre destination. Ce sont les navigations les plus agréables…

Une traversée relaxe, si ce n’est la fatigue des quarts ( le fait de se relayer la nuit pour veiller sur le bateau et les alentours ). Un petit stop à Porquerolles pour dormir 4h puis hop! C’est reparti !

Arrivée en fin de matinée le lendemain dans le golfe de Girolata, ses majestueuses falaises rouges nous accueillent à bras ouverts, l’eau est lisse et d’un bleu sombre qui appelle au calme et à la vie sans horloge.

Des vaches remplacent les vacanciers sur la petite plage de Cala di Tuara ou nous avons jeté l’ancre. Des randonneurs passent dans leur Tshirt multicolores. La vie est lente, baigné de soleil, nous sommes chaudement emmitouflés dans la crique, protégés par ses falaises rouges et sa forêt verte.

Après 2 jours de farniente, on décide d’aller à Calvi. La météo annonce un vent de Sud-Ouest un peu puissant, mais gérable car il nous pousse vers la destination. On file à 7,5 – 8 noeuds de moyenne ( une super vitesse pour la taille de notre bateau !! ). Tout va bien jusqu’à l’approche de cap qui cache la citadelle.

Le vent forcit à 25-30 nœuds, on décide d’enrouler le génois ( la voile avant ), on s’y prend comme des débutants un peu trop confiants. Ce qui devait arriver arriva : le génois s’est entortillé sur lui même, et le vent est tellement puissant qu’il nous est impossible de l’enrouler ou le dérouler. On se retrouve avec un bout de voile formant une poche dans laquelle s’engouffre le vent. C’est comme si on avait entortillé un sac plastique à un bâton en plein vent, et qu’une partie de la poche s’était ouverte pour faire cerf-volant ! La cata.

On ne maîtrise plus cette voile et le bateau remonte au vent tout seul malgré nos efforts à la barre. Il gîte tellement qu’on manque de se coucher deux fois. A cause de la force exercée sur le génois, l’étai  – le câble sur lequel la voile est attachée – se met à claquer puis vibrer sans interruption. L’ensemble du bateau souffre sous nos pieds. Tout vibre. Je me dis qu’on va casser quelque chose ! Je vois un pièce plastique voler derrière moi et tomber à l’eau. Merde. On est si proche du port, et on va perdre le bateau bêtement en Corse à 1km du port le plus proche ! Merde et merde…

J’ai peur pour la première fois en mer. Mes jambes tremblent. Il faut assurer, garder la tête froide, surtout ne pas laisser le stress prendre le dessus. On affaisse la grand voile qui avait déjà 1 ris et on allume le moteur. Adrien a mis son harnais pour tenter de débloquer les écoutes du génois à l’avant. Pourvu qu’il ne tombe pas à l’eau… Je réalise qu’on est au pire endroit de la baie : le vent dégringole de deux vallées vers la mer, c’est un venturi.

Garder son calme, réfléchir dans le vacarme et la gîte. On est si proche du port ! Le petit ne bronche pas, il est dans sa cabine tranquille alors qu’il est l’heure de manger pour lui. Un problème en moins à gérer.  Petit à petit, le vent diminue, le bateau se remet à plat. Nous approchons d’un renfoncement juste au pied de la citadelle. Adrien défait les écoutes de génois pour les remettre au clair. Il fini par arriver à dérouler cette foutue voile ! Pour ce qui est de l’enrouler on verra ça au port, la corde qui permet de le faire s’est complètement bloquée dans l’une des poulies sous la tension du vent.

Tout est calme, la mer plate, le soleil brille. C’est le jour et la nuit à quelques mètres d’écart !  On s’accroche à la première bouée qu’on trouve dans la baie, le temps de trouver une solution pour enrouler cette voile. Le vent se lève même ici, on n’est pas si bien protégés et il est hors de question de se faire avoir une fois de plus par le génois ! C’est mission réussit 30min plus tard. Et heureusement parce que la baie si calme se transforme en une gorgone agitée, bavant son écume au sommet de vaguelettes serrées. Impossible d’aller au port dans notre petite annexe avec ce vent ! Décision prise : ” Port de Calvi, Port de Calvi, Port de Calvi, ici Gaïa vous me recevez ?” – “Port de Calvi je vous écoute” ‘”- Vous avez une place pour nous ?”  🙂